« L’atelier de Jean-Claude Maes présentait l’immense avantage de mettre à notre disposition tout ce dont un jeune artiste céramiste pouvait rêver. »
Camille Grosperrin est née en 1988 en région Parisienne. Diplômée de la HEAR Strasbourg en 2012, elle vit et travaille aujourd’hui dans les Vosges.
Son travail, majoritairement vidéo, met en scène des images et des situations d’apparence simple mais qui nécessitent toujours la mise en œuvre de processus complexes. D’histoires collectées, elle extrait des détails, moments délicats et ténus, où quelque chose semble sur le point de basculer. Cette nécessité de fixer l’état des choses juste avant leur disparition, avec la fragilité qu’elles portent, est une constante au sein de ses recherches. Les images se développent dans un équilibre précaire entre fiction et documentaire, où l’importance des voix off, toujours sur le fil entre témoignage et invention, contribue à brouiller les pistes.
Son premier long métrage, «Diving horses» tourné aux États-Unis à l’été 2016, est co-produit par l’Institut Français de Paris, la région Alsace et la Ville de Strasbourg.
Compte-rendu de résidence
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L’artiste invité Sébastien Gouju a choisi de joindre au projet deux jeunes artistes dont je fais partie. Nous avions tous les trois en commun de travailler la céramique de manière importante au sein de nos pratiques artistiques, et l’atelier de Jean Claude Maes présentait l’immense avantage de mettre à notre disposition tout ce dont un jeune artiste céramiste pouvait rêver : deux fours fonctionnels, de nombreux outils et matières premières, dans un véritable espace de travail dédié à la terre.
Mon travail au cours de cette résidence s’est divisé en deux temps et sur deux lieux distincts. Dans l’habitation principale, j’ai bénéficié du grand studio de dessin pour avancer mon projet graphique. Tout juste de retour d’une résidence précédente en Espagne, où j’avais entamé un travail de gravure et de dessin autour de contes mythologiques et de personnages réels rencontrés sur place, la résidence au sein de l’atelier de Jean Claude Maes m’a permis de développer mes recherches. Cet atelier s’est révélé un environnement idéal pour travailler, dans de très bonnes conditions (calme, isolement, luminosité importante, grand volumes, bureaux adaptés et outils de dessins à disposition...). Il a permis d’aboutir à une petite série de dessins grands formats (voir visuels) et d’avancer dans ma réflexion autour de ce projet, notamment grâce à cette possibilité d’isolement, de recueillement et de concentration, qui ont permis la rédaction de petits textes, supports de travail pour le dessin.
Dans l’atelier de céramique situé en contrebas de la place du village, j’ai pu me consacrer à un travail de commande ainsi qu’à une série de recherches personnelles autour de recettes d’émail, en vue d’une exposition qui se tenait en novembre à Paris. Les pièces de commande, une série de vases dessinés par l’artiste Aurélien Mole, pour son exposition personnelle à Brest à la Passerelle, devaient être réalisées en 30 exemplaires. Il s’agissait de ma première expérience de commande pour un autre artiste et je devais notamment relever le défi du moulage et du coulage, car je ne travaille jamais de cette manière. L’enjeu de cette commande était, au delà de l’aspect financier, d’apprendre et de comprendre de nouvelles techniques et de travailler pour un autre artiste, exercice difficile mais qui s’est révélé très formateur. J’ai pu travailler dans des conditions optimales grâce à la présence des deux fours aux dimensions idéales, l’un suffisamment grand pour réaliser des pièces de taille conséquente, l’autre plus réduit, parfait pour les premiers tests d’émaillage. Pouvoir notamment observer le travail de Jean Claude Maes, passé expert dans le travail du moulage et du coulage a également été très intéressant en parallèle de la création de mes moules et de mes pièces. Même si la majorité de son travail a été catalogué et archivé, de nombreux moules étaient encore à la disposition du regard sur les étagères de l’atelier, et j’ai pu satisfaire ma curiosité quand à leur mode de fabrication, leur articulation et leur rôle à jouer dans le processus de coulage et de création du livre-céramique de Maes.
Durant le temps de la résidence, il était également très agréable et surprenant de voir les gens s’arrêter et même parfois entrer spontanément dans l’atelier dont nous laissions toujours la porte ouverte. Le précédent résident, David Rodriguez, avait déjà effectué un très grand travail de médiation et de transmission autour du lieu et du projet, et nous avons reçu un très bon accueil à la fois des gens du village et des artistes des environs. Pour continuer ce travail d’intégration du lieu à la vie culturelle locale, nous avons décidé d’organiser, avant notre départ, un accrochage au sein de l’atelier céramique pour permettre à ceux qui le souhaitaient de découvrir le travail réalisé sur le mois. L’initiative et le travail ont tous deux reçu un très bon accueil.