« Pouvoir passer du four céramique à la table lumineuse ou au chevalet juste en changeant de pièce était un vrai luxe. »
Née en 1987 en Auvergne, Célie Falières vit et travaille entre Strasbourg et le Lot. En 2008 elle obtient un Diplôme des Métiers d’Art en Gravure à L’École Estienne, puis un DNSEP en Art aux Arts Décoratifs de Strasbourg en 2012. Célie fabrique des objets et pense cette activité au sens étymologique du terme. En latin l’objet est «ce qui est placé devant», ce sur quoi l’on bute. Si la matière des choses est primordiale, elle n’est pas nécessairement le sujet. Elle occupe depuis 2015 un atelier au Bastion 14, ateliers de la Ville de Strasbourg et à exposé notamment à la galerie Nei Liicht de Dudelange, au musée de l’Œuvre Notre-Dame, à la MAGCP de Cajarc ou encore au CEAAC de Strasbourg. En 2017 elle réalise en partenariat avec la communauté urbaine de Strasbourg une sculpture pérenne dans le quartier de la Montagne Verte. Elle est également active dans des résidences en France (Les Maisons Daura, Ergastule), et à l’étranger (Canada, Hongrie).
Compte-rendu de résidence
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Au cours de cette résidence, j’ai travaillé à la réalisation de pièces en céramique, cuites en basse température et faisant partie d’une série intitulée Litote. Les pièces produites à St Vincent durant le mois d’Août (6 au total) sont recouvertes d’un pigment noir dont le degré de réfraction de la lumière est proche de zéro. Théoriquement, c’est comme si la forme devenait un creux dans l’espace. Cette pièce a depuis été présentées à la Galerie des Beaux Art de Sarrebruck, Allemagne, (Hochschule der Bildenden Künste Saar) et à la Galerie Nei Liicht de Dudelange au Luxembourg. Dans les deux cas, cette présentation s’inscrivait dans le cadre de l’exposition collective Bastion !, commissionnée par l’artiste Damien Deroubaix et regroupant Julia Andreani, Camille Fischer, Caroline Gamon, Aurélie de Heinzelin, Gretel Weyer et moi-même.
Le fait de pouvoir profiter d’outils, d’espace et de temps est vital pour chaque artiste, c’est encore plus vrai en début d’activité. Cette résidence s’est révélée être un des temps fort de cette année 2015 en ce qui me concerne et ce autant en terme de production que pour le temps que j’ai pu prendre pour mûrir certains projets.
L’atelier de St Vincent s’est révélé très agréable pour travailler. Nous étions en complète autonomie, le matériel est accessible, en bon état; la porte était en permanence ouverte ce qui nous permettait à la fois de profiter de l’extérieur et de pouvoir discuter avec le voisinage qui s’arrêtait immanquablement. Le plaisir que nous avions de travailler dans ce cadre très particulier de la campagne ardéchoise était relayé par les habitants du village qui appréciaient notre présence, et le fait que l’atelier soit de nouveau actif. Durant ce mois, j’ai également travaillé sur une édition « Le partage des domaines », livre ayant bénéficié du soutien du Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines de Strasbourg et, donc, du Silence du Monde. J’ai réalisé la maquette ainsi que la retranscription des différents textes du livre dans l’atelier de la maison. La complémentarité des ateliers est un des grands avantages de cette résidence. Le fait que Jean-Claude Maes ait eu des pratiques aussi diverses que variées fait du Silence du Monde une résidence ou les artistes peuvent vraiment travailler toutes sortes de médium. Il me semble que nous avons tous trois mesuré la chance que nous avions de pouvoir travailler dans de si favorables conditions... Pouvoir passer du four céramique à la table lumineuse ou au chevalet juste en changeant de pièce était un vrai luxe.
Enfin, l’accueil chaleureux des habitants et artisans du voisinage a été particulièrement apprécié. Dans un village aussi isolé que St Vincent, il est agréable de savoir que l’échange d’informations et de menus services fait partie du quotidien. Le Silence du Monde est un projet qui semble s’inscrire de façon très naturel dans le paysage et il gagnerait à être perpétué et développé !