« Le silence qui y règne structure la pensée qui se promène sur les accidents géographiques qui nous entourent. »
David Rodríguez est un artiste Colombo-Français né en 1984 à Bogotá en Colombie. Il vit et travaille à Shanghai, où il s’installe après avoir suivi le programme de Post-Diplôme OFFSHORE de l’ENSA Nancy. Dans son travail il a souvent recours à une imagerie érotique dont il explore et exploite son potentiel réflexif : ses images nous renvoient à nos propres désirs autant qu’à nos aversions. Une série de «portraits» fessiers, habillés de dessous féminins, nous met face à l’obsession, mais en apprenant que parmi les modèles se cache un homme travesti l’artiste introduit un jeu discret. Non sans humour il se pose des questions sur l’identité… mais en amont de toutes ces réflexions il y a la beauté des corps à laquelle il s’attache.
Il participe à plusieurs expositions en France et à l’étranger dont Le Salon de Montrouge en 2014, Crash Test-Trash Test à la Fondation Francés en 2014-2015 ou DOCKS Art Fair à Lyon 2015. La Galerie Le Point Fort à Strasbourg représente son travail depuis 2014.
Compte-rendu de résidence
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Arrivé à Saint-Vincent-de-Durfort, la première des choses à faire a été un travail « d’assainissement ». Un déblayage était nécessaire et une mise en ordre des archives du défunt nous a permis d’entrevoir ce qui l’a attaché à ce lieu. La découverte de ce fond a été aussi l’ouverture sur un territoire et la rencontre de ces habitants : ceux qui l’ont côtoyé depuis 1965, ceux à qui il a eu à faire en tant qu’habitant mais aussi, et avant tout, en tant qu’artiste. Les histoires et anecdotes font partie intégrante de cet espace de création, et nous ont ouvert les yeux sur une vie de création. Un travail protéiforme qu’entre tous – association, veuve, artistes invités – nous mettons en ordre et classifions en vue de sa promotion. De mon côté, lors de mes deux passages, je me suis occupé de constituer un catalogue provisoire des œuvres graphiques conservés dans la maison : prises de vue, reconditionnement de lots et stockage, création d’un fichier numérique pour consultation. À la suite plusieurs liens se sont noués et des évènements réalisés, notamment l’exposition qui a réunit l’œuvre de Jean-Claude Maes avec celle d’Emanuel Proweller, ami et collègue, avec qui il avait partagé son amour de ce territoire.
En tant qu’artiste invité je me suis confronté la présence inexorable du Silence de ce lieu. Caractéristique principale fondatrice du projet. Les deux fois je me suis rendu seul sur le territoire. J’ai profité de quelques visites, mais surtout de la proximité des habitants du village qui m’ont apporté leur soutien et compagnie. Toutefois les phases de travail se sont déroulées entre moi et mes sujets, loin des facteurs extérieurs. Les journées sont rythmées par le vent qui sillonne la vallée, et les déplacements guidés par la structure particulière de la bâtisse. Le silence qui y règne structure la pensée qui se promène sur les accidents géographiques qui nous entourent, avec sa flore luxuriante et la faune, riche en insectes, qui l’occupent.
Mes doutes étaient nombreux avant mon premier séjour. Je venais de clore une exposition au Salon de Montrouge, et je m’apprêtais à partir pour un long séjour en Chine. Une étape de transition qui m’a obligé à envisager mon travail autrement. Les conditions exceptionnelles de l’atelier, avec son espace ouvert et sa lumière zénithale, les nombreux matériaux à disposition, entre autres ; en font un lieu idéal pour le travail graphique et pictural. À cette occasion je me suis focalisé sur un travail de dessin, dont est né la série Variations Mélencoliques. Ces dessins ont la particularité de donner une nouvelle forme aux sujets qui arpentaient déjà ma production : il y transparait une forme de recul loin des mécanismes spectaculaires dont je me servais précédemment. Ce travail a établi les fondations de ce que j’allais développer par la suite lors de mon séjour en Chine.
En 2015 à mon retour de ces grandes métropoles asiatiques, ce travail fleurissant a fait l’objet de plusieurs présentations à Paris et ailleurs, notamment lors de la foire Docks Art Fair qui se tient en même temps que la biennale de Lyon. Je suis revenu avec des nouvelles séries en cours, dont Guess Who !?, et des nouvelles pistes à explorer dans la photographie que je pratique de plus en plus depuis lors. Fini le montage de la foire je me suis rendu pour un deuxième séjour ardéchois. J’y ai continué la série et préparé des nouvelles œuvres en peinture et en photo qui explorent autrement mon rapport à la sexualité et ses images, ayant pour commun dénominateur l’identité de genre et la question du corps. Certaines de ces œuvres feront l’objet d’une exposition à la Galerie Le Point Fort à Strasbourg.